Guide de la biosécurité

L’évolution structurelle qui caractérise le secteur agricole se traduit par une spécialisation des exploitations et une augmentation de la taille des troupeaux. Porté par la hausse des flux d’animaux, de marchandises et de personnes au niveau international et par la situation sanitaire actuelle (par ex. progression de la peste porcine africaine), le risque de pertes économiques majeures dus à l’introduction d’agents pathogènes ne cesse de croître. Il est donc impératif de définir des mesures visant à protéger les exploitations contre l’introduction de germes pathogènes ou de maladies.

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1. Qu’est-ce que la biosécurité ?

La biosécurité comprend toutes les mesures visant à réduire le risque d’introduction d’agents pathogènes et à éviter la propagation de maladies pouvant affecter la santé, le bien-être ou la sécurité alimentaire.

2. Que signifient « biosécurité interne » et « biosécurité externe » ?

Les mesures de biosécurité externe protègent l’exploitation contre les influences extérieures en prévenant ou en réduisant l’introduction d’agents pathogènes dans l’établissement.

Exemples : introduction d’agents pathogènes due à l’achat d’animaux, à des déplacements de personnes, à des véhicules ou à d’autres vecteurs

 

Les mesures de biosécurité interne doivent permettre de réduire la propagation d’agents pathogènes au sein de l’exploitation et entre les différentes espèces d’animaux ou classes d’âge d’un même établissement.

Exemples : propagation d’agents pathogènes par l’intermédiaire de bottes non nettoyées, de mains sales ou d’outils de travail

3. Pourquoi dois-je protéger mon exploitation ?

 

  • Santé animale : les animaux de rente sont utilisés dans la production de denrées alimentaires ! Une bonne santé animale est une condition indispensable au bienêtre des animaux et réduit par ailleurs le risque d’une transmission de germes pathogènes au personnel d’encadrement et aux êtres humains en général (par le biais de l’alimentation). La biosécurité est donc un atout pour la santé de chaque animal, le cheptel dans son ensemble, le personnel de l’exploitation et les consommateurs.
    Elle permet, d’une part, de contenir le risque d’introduction de germes pathogènes et, d’autre part, de réduire la pression de l’infection au sein des établissements ou entre les classes d’âge. Les exploitations qui appliquent des standards efficaces en matière de biosécurité sont moins exposées au risque de maladie et moins dépendantes des antibiotiques !
     
  • Rentabilité : ll’apparition d’une maladie influe tout autant sur le bien-être des animaux que sur la santé économique de l’établissement : hausse du taux de mortalité, réduction de la performance (baisse de fécondité, ralentissement du gain de poids journalier), augmentation des frais de vétérinaire ou repli des recettes d’abattage.
     
  • Protection des consommateurs / responsabilité des produits : le consommateur est en droit d’exiger des denrées alimentaires saines et conformes aux exigences de sécurité hygiénique. Il doit être certain que les produits qu’il ingère sont exempts d’agents zoonotiques (salmonelles) ou de tout résidu d’antibiotiques. Si tel n’est pas le cas, le producteur peut être poursuivi pour mise sur le marché de produits défectueux.
     
  • Santé individuelle : nombre d’agents pathogènes comme le rouget, les salmonelles, les SARM, les streptocoques ou le virus de l’influenza, ainsi que des gènes de résistance aux antibiotiques, peuvent se transmettre de l’animal à l’être humain et inversement.

 

4. Quelles sont les principales menaces auxquelles s’expose mon exploitation ?

L’achat ou le transfert de porteurs malades ou latents, tout comme l’estivage et les expositions, sont les principales activités favorisant le contact avec des germes pathogènes ou l’introduction d’agents infectieux dans le cheptel. Les porteurs latents ne sont généralement pas malades, mais excrètent des agents pathogènes. Ces derniers peuvent également être introduits par des vecteurs animés tels les personnes, rongeurs, oiseaux, in- sectes, sangliers, chiens, chats ou inanimés comme les outils et instruments, les véhicules, le fourrage, l’eau, la paille, les semences, etc. Les agents infectieux des voies respiratoires peuvent adhérer aux aérosols (gouttelettes d’eau dans l’air) et être transportés par les airs à plusieurs kilomètres de distance, notamment pendant la saison humide. La densité animale dans une région représente ici un facteur de risque supplémentaire. Plus elle est élevée, plus le risque de transmission aérienne sera important.

 

5. Protection contre les influences extérieures

Protection contre les influences extérieures (mesures de sécurité externe)

Objectif : prévention ou réduction de l’introduction d’agents pathogènes dans un troupeau.

Par exemple: clôture, verrou d'hygiène, contrôle des rongeurs

 

 

Mesures de protection pour l`achat d’animaux et pour le commerce de biens

  • Achat d’animaux dans un nombre minimal d’exploitations avec statut sanitaire et vaccinal connu
     
  • Introduction des animaux d’élevage achetés après une période de quarantaine (durée optimale de 6 semaines, 3 semaines au minimum)
     
  • Accès à la ferme réservé aux véhicules propres (dans le cas contraire, chargement des animaux hors du périmètre de l’exploitation)
     
  • Respect de la succession des accès (exploitation d’élevage, exploitation d’engraissement ; SSP A-R, SSP A, exploitation non affiliée au SSP)
     
  • Chargement des animaux par une rampe appartenant si possible à l’exploitation
     
  • Nettoyage (et désinfection) de l’aire de chargement, de la rampe et des plaques après le transport d’animaux ou de biens
     
  • Les voies d’accès aux silos d’affouragement, fosses à lisier, espaces de chargement d’animaux et aires de prise en charge des cadavres doivent être conçues de manière à prévenir toute introduction, par le personnel, d’agents potentiels dans le local de stabulation
     
  • Dès que possible, utilisation d’appareils propres à l’exploitation. Nettoyage et désinfection (N + D) des objets utilisés par plusieurs établissements, comme la bétaillère, le travail, l’appareil de narcose, le véhicule de transport du lisier, etc.

 

Mesures de protection pour le déplacement des personnes

Objectif : prévention de l’introduction et de la propagation d’agents pathogènes par l’homme

  • Passage par un sas sanitaire pour entrer dans l’étable (bassin de désinfection propre), dispositif de nettoyage et de désinfection des mains
     
  • Vêtements propres appartenant à l’exploitation pour les visiteurs et le personnel d’encadrement (bottes, manteau, couvre-chef, gants)
     
  • Changement de vêtements et de bottes et nettoyage des mains avant d’entrer dans les locaux de stabulation accueillant différentes espèces d’animaux ou classes d’âge

 

 

Mesures de protection contre les rongeurs, les insectes, les oiseaux

Ziel: Objectif : prévention de l’introduction et de la propagation d’agents pathogènes par le biais de rongeurs nuisibles, d’insectes, d’oiseaux, d’animaux domestiques ou de sangliers

Les organismes nuisibles et autres espèces d’animaux peuvent introduire un grand nombre d’agents pathogènes dans une exploitation et les excréter sur une longue période sans être malades. Les souris, par exemple, peuvent éliminer des brachyspires pendant les six mois suivant leur absorption.

  • Lutte continue contre les rongeurs nuisibles (contrôle régulier, plan de situation, documentation)
     
  • Stockage des aliments dans un lieu protégé des rongeurs et oiseaux
     
  • Élimination des nids et voies d’accès des souris et des rats. Les souris restent à quelques mètres de leur nid, tandis que les surmulots pénètrent dans l’étable par l’extérieur et peuvent s’éloigner de plusieurs centaines de mètres de leur foyer
     
  • Lutte continue contre les mouches et les moustiques par un lavage régulier (suppression des nids), l’utilisation de poisons par ingestion et de larvicides ou le recours à la mouche Ophyra et à l’ichneumon
    Remarque : la population de mouches existe à 80 % au stade d’oeufs, de larves ou de nymphes ; il est donc inutile de lutter uniquement contre les insectes adultes. En été, le passage de l’oeuf à l’animal adulte dure une semaine !
     
  • Prévention de l’entrée d’oiseaux dans le local par le montage de filets, la suppression des lieux de nidification ou l’introduction d’un ennemi naturel (par ex. faucon)
     
  • Traitement des fissures, fentes et ouvertures pour prévenir l’entrée des rongeurs nuisibles et des oiseaux

 

Mesures de protection contre les animaux domestiques

Les chats et les chiens peuvent introduire des agents infectieux dans l’exploitation, les propager voire les transmettre à des établissements voisins par l’intermédiaire de leurs pattes, de leur pelage, de leurs déjections et autres excrétions.

  • Les chats et les chiens doivent être tenus à distance des animaux de l’étable

 

Mesures de protection contre les animaux sauvages

Les animaux sauvages sont souvent infectés par des agents pathogènes qui ont été éliminés chez les animaux domestiques et de rente grâce à des programmes de lutte. Ils représentent donc un risque pour le cheptel. Il convient d’éviter tout contact direct avec ces populations.

 

Maladies transmissibles par des animaux sauvages :

  • bovins : paratuberculose, tuberculose, coxiellose et rage
  • porcs : pneumonie enzootique (PE), SDRP, peste porcine africaine, échinococcose (ténia du renard)

 

Mesures à prendre :

  • Installation d’une clôture autour de l’exploitation
     
  • Aires de sortie et pâturages : installation d’une double clôture ou autres mesures architecturales comme des bâtiments en miroir avec aires de sortie centrales
     
  • Stockage des cadavres dans des conteneurs hermétiquement fermés
     
  • Élimination de l’arrière-faix, du matériel d’avortement, des mort-nés ou des porcelets péris dans un centre de collecte des cadavres d’animaux. Les animaux de plus grande taille, tels que les bovins et les veaux, ont leur propre espace de stockage avec une couverture d'étable

 

5. Mesures de biosécurité interne

Protection contre la dissémination d'agents pathogènes au sein de l'exploitation (Mesures de biosécurité interne)

Objectif : prévention et réduction de la propagation d’agents pathogènes au sein d’un troupeau et de leur transmission entre des animaux ou des classes d’âge

 

Les animaux malades excrètent d’innombrables agents pathogènes. Le contrôle régulier de l’état sanitaire revêt donc une importance cruciale.

  • Si possible, séparer les animaux malades du reste du troupeau, les soigner immédiatement ou les euthanasier en cas de pronostic de guérison défavorable
     
  • Ordre de traitement des animaux : du plus jeune au plus âgé, de l’élément sain au sujet malade. Nettoyer les appareils et instruments après chaque utilisation sur des animaux malades
     
  • Nettoyage des bottes et des mains entre les différentes sections de l’étable et, notamment, après les soins apportés aux animaux malades
     
  • Occupation de l’espace selon le principe de rotation
     
  • Nettoyage et désinfection (N + D) avec période de vide de trois jours avant chaque nouvelle occupation

 

Vêtements / appareils / instruments

Les vêtements souillés, les mains sales et les appareils utilisés à plusieurs reprises sont des facteurs de risques majeurs pour la propagation d’agents pathogènes entre animaux ou au sein de l’exploitation.

  • Changement et lavage réguliers des vêtements portés dans le local de stabulation, utilisation de serviettes en papier pour le séchage des mains
     
  • N + D réguliers des meules à dents, plaques à porc, lances-bolus, fixations pour mâchoire supérieure, couteaux à onglons, pelles, colliers et chaînes, bottes, etc.
     
  • Utilisation d’aiguilles et seringues à injection à usage unique. Celles-ci doivent être éliminées après leur utilisation. Les canules à usage multiple doivent être soigneusement nettoyées à l’eau chaude puis séchées

 

Stockage et élimination des cadavres

Les animaux morts ou tués représentent un risque élevé pour le troupeau. Les fluides corporels, les rongeurs nuisibles et autres animaux sont des sources d’infection possibles pour les animaux sains ou les êtres humains (zoonoses). L’arrière-faix, les mort-nés, le matériel d’avortement ainsi que les porcelets péris ou écrasés doivent être éliminés via le centre de collecte des cadavres.

  • Le port de gants est obligatoire en cas de contact avec un cadavre ou l’arrière-faix (attention aux agents pathogènes à l’origine de zoonoses)
     
  • Pour éviter les traces et le suintement de fluides corporels, ne pas déplacer les cadavres à même le sol, mais utiliser des chariots, des chargeurs frontaux, etc.
     
  • Ne pas entailler le corps d’animaux morts dans le local de stabulation
     
  • Stockage des cadavres hors du local de stabulation, dans un contenant hermétiquement fermé (porcs) ou dans un entrepôt fixe (bovins) pouvant être méticuleusement nettoyé
     
  • Changement impératif de vêtements et lavage minutieux des mains après l’élimination de cadavres

6. Que signifient nettoyage et désinfection ?

Objectif : interruption des chaînes d’infection et baisse de la pression de l’infection par la réduction du nombre de germe

Le nettoyage suivi d’une désinfection permet de réduire la densité des agents pathogènes d’un facteur équivalant à un million. Avant l’introduction de nouveaux animaux, il convient de sécher correctement les locaux nettoyés (par un procédé de chauffage ou une période de vide de 3-4 jours), car les germes résiduels peuvent rapidement se multiplier en milieu humide. Avant leur entrée en porcherie, les truies gestantes doivent être lavées à l’eau et au savon (puis vermifugées).

 

7. Qu'est-ce qu'un bon nettoyage ?

Qu'est-ce qu'un bon nettoyage ?

a) la couleur originale et la structure sont visibles en tous lieux
b) l’eau qui s’écoule est claire

 

8. Quelles sont les caractéristiques d’un nettoyage conforme ?

Principes de base du nettoyage
 

Nettoyage sommaire (balayage)
 

Trempage :

  • L’adjonction de nettoyants (savon = solution alcaline) à l’eau permet d’abaisser la tension de surface, de faire lever la couche de salissures et de rendre les graisses hydrosolubles, ce qui accélère le processus. La durée d’action doit être d’environ trois heures. L’utilisation de produits de nettoyage allège la charge de travail, réduit la consommation d’eau et préserve l’infrastructure (utilisation moins longue du nettoyeur haute pression)
     
  • Les installations électriques, les câbles et leurs raccordements doivent être soigneusement et prudemment nettoyés, voire démontés en amont
     

Nettoyage haute pression :

  • Élimination des salissures trempées avec le nettoyeur haute pression
     
  • Les appareils à eau chaude facilitent l’élimination de la saleté et réduisent la pression hydraulique. Ils génèrent néanmoins une plus grande quantité d’aérosols (gouttelettes d’eau) auxquels les germes peuvent adhérer avant de se propager dans tout le local et de contaminer à nouveau les surfaces nettoyées.
     
  • Les produits de nettoyage doivent être soigneusement rincés car ils peuvent interagir avec les désinfectants (acides).
     

Laisser sécher :

  • Élimination rapide de l’humidité résiduelle pour réduire la croissance des germes
     
  • Prévention de l’effet de dilution du désinfectant
     
  • Au besoin, utilisation d’un dispositif de chauffage dans le local de stabulation

9. Qu'est-ce que la désinfection ?

Objectif : élimination d’un nombre élevé de germes pathogènes pour rétablir l’équilibre entre les « bons » et les « mauvais » éléments.

Le fait est que les désinfectants éliminent non seulement les germes pathogènes, mais aussi les « bons » germes ! Lorsqu’un troupeau est fréquemment victime de maladies, un déséquilibre se forme entre les bons et les mauvais germes. Une désinfection appropriée suite à un nettoyage méticuleux permet de diviser le nombre d’agents pathogènes par cinq ou six. Comme les salissures (coagulation des protéines) et les basses températures (baisse d’efficacité à basse température) agissent sur les effets des désinfectants voire les annulent, un nettoyage minutieux et une température d’environ 20 °C sont des conditions déterminantes pour une désinfection réussie. La nature et la quantité de l’agent pathogène, la classe de la substance active ainsi que la concentration et la durée d’action du désinfectant influent également sur les résultats de l’opération. Il est donc conseillé d’aborder la question de la désinfection avec le vétérinaire attitré.

 

10. Quand la désinfection doit-elle être obligatoire ?

  • En cas de troubles de la santé, comme la MMA/le SDPP, la diarrhée, l’inflammation des articulations, l’eczéma des porcelets, l’inflammation de la région ombilicale, etc.
     
  • En cas de problèmes liés à des germes résistants aux antibiotiques

 

11. Comment désinfecter correctement ?

  • La personne doit porter des vêtements de protection étanches, des lunettes de protection et des gants
     
  • Épandage du désinfectant après nettoyage méticuleux dans des locaux de stabulation légèrement séchés, à l’aide d’un arrosoir ou d’un nettoyeur haute pression équipé
     
  • Calcul de la quantité requise de désinfectant prêt à l’emploi : superficie x 1,7 × 0,4 l/m2 × concentration prescrite (par ex. 2 %) = quantité de solution prête à l’emploi
     
  • Durée d’action d’au moins deux heures puis séchage ou chauffage (ne pas rincer le désinfectant !)

12. Erreurs fréquentes lors du nettoyage et de la désinfection

Erreurs fréquentes lors du nettoyage et de la désinfection

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